L'internet
L'Internet, moteur et objet de la révolution numérique
L'Internet est l'un des produits de la révolution numérique, mais aussi un formidable accélérateur de celle-ci. Ce réseau public mondial de réseaux numériques, à la différence des réseaux précédents tels que le réseau téléphonique, a été conçu pour être « a-centré » : il n'existe pas de « site central » vulnérable aux pannes, et les messages peuvent circuler d'un émetteur à un destinataire en passant par de multiples chemins différents.
Parce qu'il n'a pas de « centre », le réseau Internet ne privilégie pas un émetteur particulier, à la différence des réseaux de radio ou de télévision. Tout le monde peut communiquer avec tout le monde, de façon « horizontale » et non pas « pyramidale ».
Ce nouveau réseau, grâce à la possibilité de copie à l'identique et à coût marginal nul, a permis la création de nouveaux services et de nouveaux usages.
L'adaptation des usages et des outils de communication
Les utilisateurs du courrier électronique, ou « courriel », ont dû innover pour s'adapter à ce support originellement « pauvre », en transposant les usages de la correspondance papier. La copie numérique a rendu possible la création de « listes de diffusion », permettant d'envoyer facilement le même contenu à de très grands nombres de personnes.
La généralisation des ordinateurs connectés en permanence à l'Internet a rendu possible la création du web. À la différence du courriel, où l'émetteur transmet un contenu à des destinataires connus, le web est un service de publication, dans lequel un contenu est offert à consultation auprès des visiteurs du site, qui ne sont pas nécessairement identifiés. Il s'agit donc d'un mode de diffusion s'apparentant à celui de la presse.
Cependant, à la différence des journaux imprimés, dont le contenu est « statique » et ne peut changer, il est possible de modifier le contenu vu par chaque personne qui se connecte à un site web. Pour cela, on a recours à des pages web « dynamiques » construites « à la volée » lorsqu'un internaute les demande, en s'appuyant sur le contenu des bases de données du serveur web, ainsi que des informations fournies par l'internaute. C'est comme cela que fonctionnent les blogs, les forums et les wikis, dont le contenu évolue à mesure que les internautes y ajoutent des informations. Celles-ci seront stockées dans les bases de données du serveur web, et seront communiquées aux internautes suivants lorsqu'ils consulteront à nouveau le site.
La quantité de pages web croissant de façon exponentielle, il n'est rapidement plus devenu possible de les classer de façon manuelle, comme le faisaient les premiers annuaires en ligne. C'est pour résoudre ce problème qu'ont été créés les moteurs de recherche, qui effectuent cette classification de façon automatique. Le contenu des pages est tout d'abord analysé par des logiciels « robots » (ou « bots », ou « crawlers »), qui naviguent de page en page, et classifient chaque page qu'ils visitent en fonction des mots qu'elles contiennent et des autres pages qui y font référence. L'interface de requête du moteur de recherche est un site web dynamique, qui construira sa page de résultats en fonction des mots-clés fournis par l'internaute, en piochant dans sa base de données les adresses des pages considérées comme le plus probablement associées aux mots-clés en question.
La « convergence numérique »
L'Internet a été initialement conçu pour transmettre les informations avec une grande tolérance aux pannes, mais sans garantie de délai. Avec le temps, les capacités techniques des réseaux numériques se sont considérablement améliorées, conduisant à l'augmentation de leur débit (quantité d'information transmise par unité de temps) mais surtout à la réduction de leur latence (délai de transmission d'une information). Cela a rendu possible d'utiliser l'Internet comme support de services « synchrones », c'est-à-dire nécessitant une très faible latence, tels que la téléphonie (la « voix sur IP », ou « VoIP ») et, plus tard, la communication vidéo. Cette « convergence numérique » fait de l'Internet un réseau généraliste, adapté à un très grand nombre d'usages, qui remplace peu à peu les réseaux spécialisés comme le réseau téléphonique et le réseau hertzien de télévision.
Les pratiques collaboratives
L'Internet permet à de nombreuses personnes de mettre en commun leurs ressources. Afin d'accélérer ce partage, de nombreux outils spécifiques ont été créés. C'est le cas des systèmes d'échange en pair à pair (« peer-to-peer »), ou « P2P ». Ces systèmes permettent à de multiples personnes d'envoyer en même temps des petits bouts d'un même fichier à l'internaute qui souhaite en avoir une copie. Ce n'est pas un unique internaute qui envoie le fichier en une seule fois, au risque de saturer sa connexion internet, mais un ensemble de « pairs » qui collaborent pour envoyer le fichier par morceaux, sachant que, dès le moment où le destinataire a reçu des fragments du fichier demandé, il peut à son tour se comporter en ré-émetteur pour aider de nouvelles personnes à recevoir une copie du fichier. Ces systèmes sont donc très performants pour diffuser massivement de très gros fichiers, tels que des vidéos. D'autres systèmes permettent à des internautes de partager les espaces inoccupés de leurs disques durs, ou bien de mettre en commun la puissance de calcul inutilisée de leurs ordinateurs pour aider la recherche scientifique (par exemple, dans le cadre des projets « Seti@home » et « Folding@home »).
Ces pratiques de création collaborative de ressources ont nécessité la création d'outils juridiques appropriés. C'est ainsi que sont apparues les licences libres et autres licences contributives (comme les licences « Creative Commons »), qui organisent le travail collaboratif. Ces licences sont utilisées au sein de grands projets collaboratifs comme la Wikipedia, ou le mouvement des logiciels libres.