Le mythe de l'« intelligence artificielle »
L'auto-censure des humains à contester la pertinence des traitements informatisés découle pour partie de la prétendue capacité des machines à produire des décisions plus pertinentes que ne le feraient les humains. Cette idéologie est propagée sous le terme d'« intelligence artificielle » qui relève plus d'un projet politique que d'un fait scientifique.
La capacité de systèmes mécaniques automatisés à effectuer certaines tâches mieux que les humains est une évidence. Il existe des machines à trier les pommes qui accomplissent cette tâche plus vite que les humains, tout comme des machines à calculer réalisent des opérations mathématiques très complexes rapidement et sans erreur. Pour autant, aucune de ces tâches ne caractérise l'intelligence, au sens où nous entendons ce mot.
S'il n'est en théorie pas impossible d'arriver à créer un jour des entités intelligentes, dans la mesure où notre intelligence ne serait contenue que dans les quelques décimètres cubes de neurones majoritairement localisés dans notre boîte crânienne, nous en sommes encore bien loin. Depuis les origines de l'humanité, certains des innovateurs à la pointe du progrès de l'époque ont prétendu que les avancées de leur technologie permettraient, « bientôt », de créer des entités intelligentes. C'est ainsi qu'il y a dix mille ans, alors que la poterie était la révolution technologique majeure, il s'en est trouvé certains pour prétendre qu'ils pourraient créer un serviteur humanoïde à partir de glaise, donnant naissance au mythe du golem ; c'était la science-fiction de l'époque. Plus tard, les horlogers ont prétendu, avec leurs engrenages, créer des automates intelligents, tels le fameux joueur d'échecs, en fait actionné par un comparse de petite taille. De nos jours, à l'ère de l'ordinateur, on prétend une fois de plus atteindre ce but avec la technologie du moment, avec des résultats tout aussi décevants. Certes des progrès spectaculaires ont été accomplis en termes de puissance de calcul, mais des centres de calcul immenses sont encore nécessaires pour effectuer des traitements qui ne font que copier mécaniquement et imparfaitement des processus de pensée qui ne consomment que quelques Joules dans nos cerveaux. Le fait que des systèmes informatiques actuels arrivent à battre des humains au jeu de go n'est somme toute pas une preuve de leur intelligence, mais plutôt que le jeu de go est en fait plus simple que ce que nous croyions. Il semble à ce titre étonnant que certains prétendent vouloir donner des droits à des robots, alors que certains animaux que nous fréquentons, doués d'intelligence et de sentiments, n'en ont pas.